J’ai passé quelques jours à Bâle pour des raisons professionnelles, mais si je n’ai pas pu visiter en détail la ville car le temps m’a manqué, j’ai en revanche suivi les conseils avisés d’un ami, en décidant de visiter les collections permanentes du Kunstmuseum.
Grand bien m’en a pris, car je dois avouer que c’est l’un des plus beaux musées qu’il m’ai été donné de voir. Le lieu est très agréable et l’exposition permanente est très bien mise en valeur.

De nombreux grands noms y sont présents à tel point que cette richesse, est au final une orientation qui pénalise, d’une part, les œuvres contemporaines et d’autre part, bien sûr les femmes et les minorités. En effet, dans le musée il est précisé qu’un effort est fait pour compenser, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire : sans exagérer sur plusieurs centaines d’artistes, seules une vingtaine de femmes sont représentées…

Au delà de ce problème qui touche malheureusement beaucoup de grands musées, on apprend (ou remarque à nouveau) que la condition des femmes si elle n’a jamais été reluisante s’est manifestement aggravée au 19ème siècle.
Auparavant certaines femmes pouvaient accéder à un peu de reconnaissance et de postérité en tant qu’artistes ce qui semble plus difficilement le cas ensuite.
Parmi celles qui m’ont marqué, je retiendrais Sophie Taeuber-Arp, parce qu’étant la compagne de Jean/Hans Arp et décédée malheureusement une vingtaine d’années plus tôt que lui, on l’a un peu oubliée alors que son travail me semble avoir autant de valeur que celui de son mari. Charlotte Posenenske une artiste qui travaillait à fabriquer notamment des objets en série, infiniment reproductibles et qui a décidé de changer de métier pour devenir sociologue. Et puis, Louise Lawler et son oeuvre monumentale « (Bunny) Sculpture and Painting (adjusted to fit, distorted for the times)« , elle interroge la place et le sens des œuvres d’art en photographiant les œuvres d’autres artistes (en général des hommes) dans leur contexte et en exposant le résultat modifié dans un autre contexte.

Au 16ème siècle, il y a également Catharina Van Hamessen donc voici l’autoportrait ci-contre en 1548, il s’agit du plus ancien autoportrait connu d’une femme peintre.
C’est aussi la seule reproduction d’œuvre féminine que je peux présenter ici n’ayant pas beaucoup fait de photos, j’avais bien sûr mieux à faire que de mitrailler tout le musée ;-)…
Cela dit, le Kunstmuseum propose une plateforme qui permet d’accéder à un certain nombre de reproductions des œuvres, avec de petites notices explicatives, c’est là que j’ai pu récupérer cette image (aujourd’hui libre de droits). Vous trouverez le site ici et pourrez donc aller voir vous même et constater aussi le déséquilibre que j’ai évoqué.
En résumé je ne peux que vous recommander chaudement ce musée, même si il a des lacunes, les œuvres sont nombreuses et présentées avec un soin particulier, que je n’ai pas toujours trouvé ailleurs. A ce titre le Moma de NYC par exemple est moins soigné (mais plus riche en art contemporain). Par contre, un conseil : prenez votre temps et ne prévoyez rien d’autre dans la journée si vous voulez vraiment en profiter, il vous faudra au minimum 3 heures pour en faire le tour, personnellement j’ai mis plus de 5 heures en prenant mon temps et sur deux jours (un jour pour la partie ancienne, et une autre matinée pour la partie après 1950).

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